Lu pour vous
https://www.rcf.fr/ Jeanne d'Anglejan - RCF, le 14/03/2023 à 13:29 - Modifié le 14/03/2023 à 13:39
En Centrafrique, les jeunes de l’association Pijca œuvrent pour la paix. Meurtri depuis dix ans par des conflits aussi violents que ravageurs, le pays est paralysé par l’adversité entre les différentes religions. La Pijca, justement, veille à la réconciliation, terreau de belles opportunités pour les habitants.
La Pijca, une association qui rayonne pour la paix
"Le piège à éviter, c’est de désespérer", lance l’un des médiateurs de l’association Pijca (Plateforme interconfessionnelle de la jeunesse centrafricaine). Une autre ajoute "si tu veux la paix, il faut la préparer, avoir les arguments et le courage pour qu’elle revienne autour de toi". Pour eux, la persévérance est un mot d’ordre. Leur objectif est de refermer les divisions entre les religions. Depuis 2013, chrétiens et musulmans sont engagés dans un conflit religieux. Pour contrer ce conflit, la lutte se fait d’abord à petite échelle. En réconciliant les couples, en envoyant les petites filles à l’école, les jeunes de la Pijca permettent déjà d’apaiser la vie quotidienne en Centrafrique.
À la Pijca, les femmes ont toute leur place. Elles témoignent du rôle central qu'elles occupent dans le pays. Béatrice Epaye, l’une des rares députées du pays, souhaite voir le rôle des femmes reconsidéré. "La tradition ici c’est que l’on fait confiance à celle qui porte la vie". Souvent considérée comme trop pauvre ou indigne, la femme est elle aussi une victime directe des groupes armés, qui utilisent le viol comme une arme de guerre. La Pijca travaille pour réhabiliter la femme, à "l’autonomiser pour qu’elle soit économiquement forte dans sa communauté".
C’est pour cela que la formation des médiatrices est cruciale. Une fois formées par la Pijca, les femmes appliquent des gestes dans leurs communautés et dans leurs foyers. Elles apprennent la gestion de conflits, abordent le problème de la maltraitance des enfants et communiquent sur les droits qui leur sont propres. Grâce à des bourses d’une cinquantaine d’euros, les femmes peuvent suivre des formations, et retrouver leur dignité grâce au travail.
Boda, terrain fertile des actions de la Pijca
Dans le sud-ouest du pays, la ville de Boda est devenue un modèle de réconciliation dans le pays. La population vit des activités agricole et minière. En 2013, quand les groupes rebelles envahissent la Centrafrique par la force, Boda est victime de nombreuses ruptures entre musulmans et catholiques. "Il y avait une ligne rouge dans la ville : chaque communauté avait son marché, son hôpital…", se souvient le maire. Mais avec le temps, les habitants de la ville ont choisi de vivre ensemble, ce qui lui a valu le surnom de "Boda la belle".
Aujourd’hui, les deux communautés y vivent très réconciliées, suscitant l’admiration à travers le pays. Judicaël, médiateur de la Pijca, a participé à ce processus de paix. "Avant, le sang coulait, les communautés étaient déchirées. Mais ont décidé d’aller au-delà". Il constate que les tentatives de réconciliation sont plus efficaces quand elles "viennent d’en bas", grâce aux habitants ou au travail des ONG.
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