Centrafrique : le FMI appelle à réformer le marché des hydrocarbures pour améliorer les performances fiscales
(Agence Ecofin) 10 mars 2023 16:45 – En janvier, un rapport du FMI indiquait que les perspectives économiques de la Centrafrique se sont dégradées malgré les efforts du gouvernement. Dans une nouvelle publication, le Fonds donne des pistes de solutions à Bangui pour renforcer sa stabilité économique.
Dans un rapport de fin de mission publié mercredi 8 mars, le Fonds monétaire international (FMI) a appelé les autorités centrafricaines à réformer le marché local des hydrocarbures afin d’améliorer leurs performances fiscales.
Cette mesure s’inscrit dans un cadre plus global de réformes préconisées par l’institution de Bretton Woods pour renforcer la stabilité économique du pays. Elle devrait permettre d’augmenter les recettes publiques en vue de financer les dépenses publiques prioritaires, notamment de santé et d’éducation.
« Nous encourageons le gouvernement à accélérer ses réformes du marché des hydrocarbures concernant la structure des prix des hydrocarbures, les importations frauduleuses d’hydrocarbures, mais aussi la protection des populations les plus vulnérables touchées par les envolées des prix des hydrocarbures », a indiqué Albert Touna Mama, chef de la mission du FMI qui a séjourné dans le pays du 27 février au 3 mars derniers. Et d’ajouter : « La persistance d’un marché informel des hydrocarbures, qui alimente aujourd’hui une part importante de la consommation nationale, engendre des pertes considérables de recettes fiscales pour l’Etat centrafricain, dans un contexte de tension de trésorerie ».
Faut-il le rappeler, l’économie centrafricaine fragilisée par plusieurs années d’insécurité doit également faire face aux chocs extérieurs provoqués par la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, qui a accéléré la flambée des coûts des produits de base. D’après le FMI, la croissance du pays était seulement de 1% en 2020 et 2021 puis de 1,5% en 2022. Cette année, l’institution s’attend à une croissance à 3%, mais ces perspectives restent soumises à de nombreux risques.
Alors que les conditions humanitaires dans le pays restent précaires, l’Etat, qui ne peut pour l’instant plus compter sur l’appui budgétaire des institutions de Bretton Woods qui ont suspendu leurs aides pour cause de transparence, cherche d’autres sources de financement. D’après le Fonds, ces nouvelles solutions doivent être trouvées en interne, notamment à travers la modernisation des systèmes de gestion des impôts et des douanes, et la réforme du cadre de gestion des droits et frais collectés par différents ministères ; l’amélioration des performances de la TVA et l’assainissement du cadre d’octroi des exonérations fiscales et douanières ainsi que leur suivi et contrôle ; ainsi que le renforcement de capacités de la Cour des comptes et l’adoption d’une nouvelle loi anti-corruption.
Notons que le FMI appelle également Bangui à la mise en œuvre rigoureuse des mesures adoptées dans la Loi de finances 2023, « notamment avec l’augmentation des prix plancher sur les produits du tabac ou encore l’application du tarif extérieur commun de la CEMAC ».
Moutiou Adjibi Nourou
Appuis budgétaires : La BEAC promet de soutenir le Trésor centrafricain
https://ecomatin.net/ René Ombala Dernière mise à jour: 14 mars 2023
C’était au cours d’une récente rencontre entre le gouverneur de la BEAC et le président centrafricain.
Depuis la suspension des aides budgétaires par les partenaires traditionnelles de la RCA dont l’Union européenne (l’UE), la Banque mondiale, le Fond monétaire international (FMI) et la France, le pays s’est tourné vers le marché domestique de la dette pour obtenir des financements en monnaie locale. En visite de travail à Bangui, la capitale centrafricaine, le Gouverneur de la BEAC Abbas Mahamat Tolli a rencontré le président Faustin Archange Touadéra pour échanger sur la situation économique dans la région.
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Interrogé au sortir de l’audience sur la conjoncture financière en RCA, Abbas Mahamat Tolli s’est dit satisfait de la perception des investisseurs sur le marché régional vis-à-vis de ce pays. Il a affirmé que la BEAC va apporter son appui au trésor public de la République Centrafricaine pour renforcer ses capacités de mobilisation des financements. « La situation du pays se remet progressivement. Il faut aussi souligner que la conjoncture ici est couplée avec la situation sécuritaire globale. Nonobstant que le pays ne soit bénéficiaire des appuis budgétaires substantiels de ses partenaires, grâce aux réformes que la banque centrale a menées au niveau des marchés publics ; la levée des ressources et toutes les émissions faites par le gouvernement Centrafricain rassurent les investisseurs. Les efforts entrepris par le gouvernement en termes de renforcement des finances publiques donnent aussi de l’assurance aux investisseurs » a-t-il déclaré.
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Il faut dire que les titres publics émis par Bangui ne sont pas les plus courtisés du marché, même si le pays s’appuie sur la garantie de la Beac pour assurer ses remboursements. Émetteur mineur sur le marché régional, la RCA n’a prévu mobiliser que 35 milliards au cours des 3 premiers mois de l’année courante. Un objectif qu’il sera difficile à atteindre compte tenu des conditions du marché.
Très frileux quand il s’agit de prêter à la Centrafrique, les investisseurs ont durci leurs exigences en sollicitant des taux d’intérêts plus élevés, poussant Bangui à ne retenir que le montant sus évoqué. Derrière cette réticence, la situation sociopolitique et sécuritaire du pays qui perturbe à coup sûr l’activité économique et rend hypothétique les remboursements. La Centrafrique est présente sur ce marché depuis 2011 et n’a pas encore enregistré de défaut, mais selon des investisseurs, le fait que le profil de crédit de ce pays ne fasse pas l’objet d’une évaluation par les agences de notation est un critère discriminant. Fin 2022, le taux moyen appliqué à ses opérations était de 8,88% sur les BTA et 10,95% sur les OTA soit les taux les plus élevés du marché.
Notons que la réticence des investisseurs s’est généralisée à tous les émetteurs depuis plusieurs mois en lien avec la trop forte concentration de l’encours des dettes sur les investisseurs-banques qui détiennent 77,7% du portefeuille. Le durcissement des conditions d’emprunts peut aussi trouver sa source dans une politique monétaire agressive de la Banque centrale qui a relevé à trois reprises ses taux de refinancement en 2022.
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