Lu pour vous
https://www.afrik.com/ Par Serge Ouitona Publié le 23 janvier 2023 à 08h20
Au Burkina Faso, la question du départ des troupes françaises agite l’actualité depuis quelques jours. L’Agence d’information du Burkina (AIB) a rendu public un communiqué du gouvernement. Lequel communiqué dénonce l’accord de 2018 et donne un ultimatum d’un mois aux soldats français pour évacuer le pays. Mais sur la question, le Président Ibrahim Traoré ne s’est pas encore officiellement exprimé. Et c’est ce que son homologue français, Emmanuel Macron, attend.
Les troupes françaises sont devenues indésirables au Burkina Faso comme elles l’ont été au Mali et en Centrafrique. Cela est un fait. En témoignent les nombreuses manifestations populaires anti-françaises qui jalonnent le pays. D’ailleurs, les plus récentes d’entre elles remontent à vendredi dernier seulement. Sur la question, les autorités burkinabè ne se sont pas officiellement prononcées, même si depuis l’accession au pouvoir du capitaine Traoré, les relations se sont détériorées avec la France et que les militaires à la tête du Burkina Faso ne font pas mystère de leur volonté de se rapprocher de la Russie.
C’est dans ce contexte que l’Agence d’information du Burkina (AIB) a apporté, samedi, la lumière sur ce que tout le monde subodorait : les autorités burkinabè ne souhaitent plus voir les troupes françaises sur leur territoire. Et pour cela, un ultimatum d’un mois leur est donné pour se retirer. Même si l’information provient de l’Agence de presse officielle du Burkina Faso, le gouvernement burkinabè, en l’occurrence, le Président de transition ne s’est pas encore directement prononcé. Et ça, le Président français l’attend.
Ce que Macron attend de Traoré
Emmanuel Macron s’est exprimé à ce sujet, dimanche, à l’occasion de la conférence de presse organisée à Paris pour commémorer le 60e anniversaire du traité de réconciliation entre la France et l’Allemagne. « J’attends que le Président de transition, Traoré, puisse s’exprimer, parce que j’ai compris que les messages qui étaient sortis à ce stade relevaient d’une grande confusion, celui-ci étant en déplacement hors de la capitale », a d’abord déclaré Emmanuel Macron.
Avant d’enchaîner : « Donc, je pense qu’il faut garder beaucoup de prudence, et veiller à ce qui est une spécialité de certains dans la région, qui peuvent avoir partie liée au demeurant avec ce que nous vivons en Ukraine, à savoir [que] nos amis russes ne fassent pas de manipulation. Nous attendons des clarifications de la part de M. Traoré sur ce sujet ».
Les prochains jours nous édifieront sans doute sur la suite de cette affaire et le sort des quelque 400 soldats français de l’opération Sabre installés à proximité de Ouagadougou.
"Nous sommes les démons de Macron" : des dessins animés discréditent l'armée française au Sahel
https://www.francetvinfo.fr/ Christian Chesnot Radio France
"Nous sommes les démons de Macron" : des dessins animés discréditent l'armée française au Sahel et encensent le groupe Wagner sur les réseaux sociaux
Un véritable effet dominos : plusieurs pays africains refusent chacun leur tour la présence de soldats français sur leur sol, comme au Mali ou au Burkina Faso. La Russie utilise le groupe de mercenaires Wagner, pour pousser ses pions au Sahel, et décrédibiliser la France.
Après le Mali, le Burkina Faso demande à son tour le retrait des forces françaises de son territoire. Ouagadougou dit vouloir diversifier ses partenaires et envisage un rapprochement avec… Moscou. Pour encourager le sentiment anti-français, le Kremlin utilise la force Wagner et la propagande, comme par exemple, dans des dessins animés diffusés sur les réseaux sociaux. Dans l'un d'eux, on peut ainsi voir des soldats français représentés en zombies et en serpents, se présentant comme des "démons de Macron". De l'autre côté, les mercenaires du groupe Wagner, eux, sont dépeints comme des libérateurs. Le message véhiculé ne fait pas dans la dentelle, mais, à force d'être martelé, il a fini par trouver un écho dans les opinions publiques de certains pays du Sahel.
Pour Antoine Glaser, journaliste spécialiste des questions africaines, les hommes de Wagner sont le cheval de Troie d'influence russe sur le continent : "La présence des Wagner masque réellement des nouveaux accords de coopération militaire, affirme-t-il. Ils ont toujours existé au Mali, mais ils vont peut-être être signés au Burkina Faso ou dans d’autres pays de la région."
"Wagner, c’est Potemkine. Ça masque une présence russe plus importante."
Antoine Glaser, journaliste spécialiste des questions africaines
à franceinfo
Alors qu'on les signale au Burkina Faso, les hommes de Wagner sont désormais bien implantés au Mali et en Centrafrique. Dans ce dernier pays, les mercenaires russes, proches de Vladimir Poutine, "intimident et harcèlent les civils", créant un climat de peur. À tel point que, selon l'ONU, les victimes des violences de ces paramilitaires sont terrifiées à l'idée de saisir la justice par crainte de représailles.
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